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2010-12-19

Du courrier entre un artiste et un ministre

Paroles du ministre de l'environnement,
rapportées par le Journal de Québec


Le ministre appréhende un accident écologique

Hanté par l’idée d’un accident écologique, le ministre de l’Environnement, Pierre Arcand, souhaite chaque jour que l’industrie gazière ne fasse pas de gaffe.

« Il n’y a pas un matin où je ne demande pas à ma sous-ministre (Diane Jean) s’il y a un problème, si les inspections sont faites comme il faut et si des amendes ont été données.

« Je n’ai pas envie d’avoir un problème de nature sécuritaire, une contamination quelle qu’elle soit, c’est quelque chose que j’essaie d’éviter au maximum », a-t-il confié lors d’un entretien avec le Journal, cette semaine. Pour le moment, tout va bien. Seulement 29 puits ont été creusés entre Québec et Montréal et aucun incident majeur n’est survenu. Deux avis d’infraction pour des fautes mineures ont été remis aux entreprises, notamment pour le traitement des boues de creusage et le traitement d’eaux usées.

« Il n’y a aucun cas de contamination au moment où on se parle », se réjouit M. Arcand.

« Je suis très vigilant, a-t-il ajouté, nous connaissons les préoccupations de la population et nous ne prenons aucune chance et c’est ce à quoi je m’emploie au moment où on se parle. »

Opinion publique

Pierre Arcand est bien conscient de la susceptibilité de l’opinion publique face à l’industrie gazière. Les opinions sont invariablement tranchées et souvent chargées d’émotion.

Mais les attitudes varient selon les régions. La réceptivité serait plus grande en Chaudière-Appalaches et dans Lotbinière qu’en Montérégie. Le BAPE a déjà avancé l’idée de référendums régionaux, mais la possibilité de résultats serrés a fait reculer le gouvernement. « Si c’est 50-50, tu fais quoi? », demande le ministre.

Comme l’industrie et les environnementalistes, le gouvernement a les yeux rivés sur le calendrier; le BAPE soumettra son rapport en février prochain et on saura alors de quelle manière sera faite l’exploitation des gigantesques gisements de gaz qui dorment depuis des siècles dans le sous-sol québécois.

« Je souhaite d’abord une chose. Que le rapport du BAPE nous indique les meilleures pratiques en matière de sécurité environnementale », insiste le ministre Arcand.

Eaux industrielles

La grande inconnue demeure toujours la migration des eaux industrielles injectées dans le sol pour fracturer le shale et en faire surgir le gaz. Ce qui se passe ensuite avec les eaux injectées à 4 000 pieds dans le sol reste une énigme.

Les experts ne s’entendent pas sur le sujet, selon le ministre. Des tests seront faits systématiquement pour vérifier la qualité des nappes aquifères, a prévu le ministère de l’Environnement.

« Je suis raisonnablement rassuré, les techniques de coffrage de ciment utilisées pour protéger la nappe phréatique sont en général efficaces », a-t-il expliqué.

M. Arcand ne croit pas que le gouvernement opte un jour pour un moratoire sur l’exploitation des gaz de shale. Surtout que, contrairement à ce que soutiennent les environnementalistes et les artistes, il n’est pas question de forer 20 000 puits entre Québec et Montréal.

« Il n’y a pas de plan pour ça, dit-il. On parle de dix puits de plus par année pour les deux ou trois prochaines années. »

(Copié-collé de cet article du journal de Québec)



La réponse du citoyen-artiste Dominic Champagne,
Metteur en scène de la vidéo "Wo!"


Gaz de Schiste - Lettre au Ministre Pierre Arcand


Monsieur Pierre Arcand,
Ministre du Développement durable,
de l'Environnement et des Parcs
675, boul. René-Lévesque Est, 30e étage
Québec (Québec) G1R 5V7
Montréal, le dimanche 19 décembre 2010

Monsieur Le Ministre,

Je me permets de vous écrire suite à la lecture d'un article publié ce matin sur Canoë où vous tentez de discréditer l'affirmation faite par les artistes dans la vidéo WO sur le GAZ DE SCHISTE concernant le nombre de puits potentiels dans la vallée du Saint-Laurent.

On rapporte vos propos ainsi: "...contrairement à ce que soutiennent les environnementalistes et les artistes, il n’est pas question de forer 20 000 puits entre Québec et Montréal. Il n’y a pas de plan pour ça, dit-il. On parle de dix puits de plus par année pour les deux ou trois prochaines années.»

Quoiqu'elle s'accorde avec votre stratégie de plus en plus limpide de tenter de minimiser l'importance du développement gazier afin de banaliser les préoccupations des gens, votre affirmation ne correspond à rien de ce qu'on a pu entendre lors des audiences du BAPE. Par contre, l'affirmation contenue dans notre vidéo, nous ne l'avons pas inventée, elle s'appuie sur la déposition d'un fonctionnaire du Ministère des Finances, au BAPE le 12 octobre dernier:

PAR LE COMMISSAIRE LOCAT: "Premièrement, ce serait intéressant qu'on nous donne le chiffre sur la capacité totale en termes de puits qui peut être estimée?

PAR M. LUC MONTY: "En fait, le potentiel commercialisable, (...) si on compte à peu près 2 milliards de pieds cubes par puits, on compte vingt mille (20 000) puits à peu près."

Les chiffres déposés au BAPE le même jour par la firme SECOR portent aussi à plusieurs milliers le nombre total de puits, à un rythme de 500, 600 puits par année entre 2016 et 2025. Alors de grâce, cessez de parler de "10 puits par année au cours des 2, 3 prochaines années"! En vous exprimant de la sorte, vous portez ombrage à cette recherche de la vérité qui nous permettrait de juger de l'affaire d'une manière éclairée. Gimme some truth, disait Lennon!

Une bonne part de mon indignation des derniers mois vient de cette constante insulte à notre intelligence que représente la faiblesse de vos arguments et l'arrogance de vos prises de positions dans cette affaire. Depuis quelques mois, j'ai suivi le dossier d'assez près, tant sur le plan de la connaissance qu'en côtoyant les êtres humains qui y sont impliqués, au village comme à la ville, pour mesurer la fragilité de plusieurs de vos positions.

En lisant vos propos, je ne peux m'empêcher de considérer que votre attitude tient soit de l'ignorance, soit d'un mépris pur et simple de la vérité, soit d'un véritable abus de pouvoir. Vous êtes un représentant du peuple, Monsieur le Ministre! Aujourd'hui, à l'instar de votre Premier-Ministre et de nombre de vos collègues, vous vous retrouvez coincés à faire de la politique non plus au service du bien commun, mais dans l'abstrait, complètement déconnecté de la réalité de vos concitoyens! À vous entendre, on a la curieuse impression que le rôle de ministre de l'Environnement se limite à être le bouclier du gouvernement contre les citoyens soucieux de la protection de leur milieu de vie! Et après, on demande au gens de ne pas être cyniques et de ne pas désavouer la classe politique!

N'entendez-vous pas les cris de ceux et celles qui se sentent maltraités ou dépossédés, sur les terres qu'ils habitent? N'est-il pas de votre devoir de porter les préoccupations légitimes de vos concitoyens? Personne ne vous demande la lune! On vous exhorte à ce que les choses se fassent correctement, proprement et dans l'intérêt public! S'il est vrai que vous êtes hanté chaque matin par la peur d'une catastrophe: prenez les mesures qui s'imposent!

Je comprends que vous auriez souhaité hériter d'un ministère moins houleux que celui de l'Environnement pour faire vos premières armes et que votre soumission aux orientations dictées par la solidarité ministérielle et par la Ministre Normandeau vous met dans une position délicate. Mais, que cela vous plaise ou non, vous êtes Ministre de l'Environnement! Et votre devoir est de défendre l'environnement! Votre devoir est de prendre le parti des précautions qui s'imposent plutôt que de vous porter, à chaque occasion, à la défense d'une industrie réputée pollueuse et responsable de centaines de cas de contamination!

La semaine dernière encore au Texas, l'Agence Environnementale Amércaine (EPA) a obligé une compagnie gazière à prendre des actions pour protéger les sources d'alimentation en eau potable contaminée par leurs activités. Vous pouvez bien prétendre qu'il n'y a eu aucun cas au Québec, mais vous ne pouvez nier le danger que l'industrie représente! Vous ne pouvez nier qu'à chaque fracturation, à chaque opération de traitement des eaux QUI ONT COURS PRÉSENTEMENT, il y a des risques de contamination! Attendez-vous qu'un tel cas se déclare ici pour faire preuve d'un peu de courage au Conseil des Ministres?

Si vous êtes honnête homme lorsque vous vous déclarez préoccupé par l'idée d'un accident, par la protection des nappes phréatiques, alors vous ne pouvez pas, aujourd'hui, concilier la somme connue des risques de pollution avec le principe de précaution. La précaution doit prévaloir, et vous avez le devoir d'en faire votre priorité.

Je suis un artiste mais cela ne m'empêche pas d'être un citoyen. Cet automne, votre manque de leadership et le peu de confiance que vous avez su établir avec la population dans cette affaire nous aura obligé à tenter de pallier à vos nombreux manquements. Nous savons que les réglements que vous promettez, selon les plus hauts standards internationaux, ne suffiront pas. Pour qu'ils soient considérés autrement que des mots qui sonnent faux, il faudra aussi du leadership. Et c'est là le pire. Par votre manque de leadership, vous avez rompu le lien de confiance nécessaire entre les citoyens et l'industrie.

Pour la prochaine année, il ne me reste qu'à souhaiter que les hauts cris du fleuve et de la mer qui se déchaînent ces jours-ci sur nos rives alliés à ceux des citoyens de la vallée du Saint-Laurent sauront vous ramener à un peu plus de respect et de sens commun. C'est mon voeu le plus sincère à votre égard ainsi qu'à l'égard de tous mes concitoyens. Que nous ayons un Ministre de l'Environnement digne de la beauté de notre monde!

De mon côté, au nom de tous les artistes qui se font la voix des citoyens, je vous promets que nous y serons, car je demeure,

Votre tout dévoué,


Dominic Champagne

Références à l'article cité:
Le Journal de Québec, 19 décembre 2010

Référence au Procès-Verbal de la Séance du BAPE:
Soirée du 12 octobre 2010 en page 39.

Et référence à l'ordonnance de l'EPA quant au cas de contamination
survenu récemment au Texas:
Site web du EPA

(Copié-collé de la réponse de Dominic Champagne publiée sur FaceBook)
Cette publication vous est offerte par
un citoyen-technicien en électronique au chômage.
(Au chômage à cause des orientations environnementales
stratégiques du gouvernement Libéal actuel.)

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